La liturgie de ce 28 décembre propose le massacre des enfants de moins de 2 ans par Hérode. Ce dernier n’a compris que sur le tard que les Mages ne reviendraient pas lui dire où était l’Enfant-Roi.
Pour identifier les Innocents d’aujourd’hui, il faudrait peut-être reconnaître les «Hérode » du jour. Les enfants-rois ne manquent pas. On les retrouve dans toutes les sphères de la société. Une nuance à apporter est toutefois nécessaire. Ils sont passés maître dans la chosification des personnes et la personnification des choses. On ne peut les approcher que par le discours techno tant ils y sont accros. Mais c'est néanmoins sur le sens des responsabilités qu'ils développeront que repose notre avenir.
Dans ma réflexion du jour, je disais aux personnes rassemblées ce matin pour l’Eucharistie quotidienne l’entrevue télévisée de dimanche dernier à «Second Regard.» Un manque d’équilibre devient de plus en plus évident. La personne interviewée a pleinement le droit de croire autrement que ce qui est proposé par l’Église. En contrepartie, elle a manqué une belle occasion d’exprimer les valeurs fondamentales qui motivent ses actions sociales dans un milieu si dangereux et corrompu. Sa manière de planifier sa journée est admirable. Consciente des dangers réels, elle organise ses activités afin de survivre aux intimidations potentielles. Pourquoi devait-elle insister sur la soit disant mission de l’Église qui est d’aliéner le peuple souffrant? Une intervention divine est toujours réalisable quand on se met en position d’action pour résister aux réactions que suscite l'entourage. Le retour des Mages par un autre chemin a été une action concrète à la suite d’une inspiration et non une réaction contre Hérode. Ils ne savaient pas qu’en ce faisant, ils engendraient le massacre de tant d’innocents! Que ce soit eux qui soient inspirés par une Étoile ou Joseph qui se fait avertir dans un songe, l’intervention divine est la même. C’est une intervention qui stimule l’action et non la réaction. Ici, la réaction vient d’Hérode qui fait massacrer tous les enfants mâles de moins de 2 ans.
Aujourd'hui, nous assistons à un massacre intellectuel et tout ce qui s’appelle «institution», tant politique, démocratique, économique que religieux. Qu’avons-nous découvert à la suite de la Commission Bastarache? Tout ce qui peut être mécréant afin de ne pas s’identifier à de telles institutions. En sommes-nous rendus individualistes à ce point? Comment situer le rôle fondamental de l’Église dans l’équilibre d’une société responsable de ses valeurs à transmettre à la génération émergeante? On a de toute évidence oublié que des grands leaders politiques comme Pierre-Elliott Trudeau, Jean Marchand, Jean Chrétien, Roméo LeBlanc, René Lévesque, Robert Bourassa, Jacques Parizeau et bien d'autres aient fait leurs études primaires avec des communautés religieuses. A-t-on oublié que les résultats des études universitaires reposent sur la manière qu’on a appris au primaire?
Est-ce un rêve sorti d’une étoile des Mages ou une fantaisie d’un songe semi-éveillé de Joseph, mais si l’Église canonisait Louis Riel comme modèle des valeurs fondamentales à défendre et promulguer? C’est un métis qui a été pendu au XIXe siècle pour avoir défendu les valeurs des Amérindiens de l’Ouest Canadien. On le reconnait comme le fondateur du Manitoba. Il était catholique et il a été formé chez les Jésuites. Gageons que si cela se concrétisait, l’Église se ferait accuser d’opportunisme! Quand on ne sait plus se regarder dans un miroir, le monde devient le reflet de ce que l’on rejette en soi.
Que les saints Innocents d’aujourd’hui continuent d’espérer. Il existe encore des Mages aujourd’hui qui se laissent guider par une Étoile mystérieuse, comme il y a encore des saints Joseph qui, à bien y songer, se mettent à l’écoute d’un Dieu encore enfant dans la crèche de notre cœur et c'est de là qu'il désire encore la paix pour tous ceux et toutes celles qui croient aux générations à venir.